Thursday, November 28, 2013

comme si je suis destiné de voir ces mots aujourd'hui #4

Mr. Paulo are you reading my mind?

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- Je te comprends. 
- Je suis content. 
- Je suis triste, cela me fait penser que tu vas partir. Je le savais depuis notre première rencontre, pourtant c'est difficile parce que je me suis habituée.
- C'est là le problème : l'habitude. 
- Mais c'est humain.
- C'est pour cette raison que la femme que j'ai épousée est devenue le Zahir. Jusqu'au jour de l'accident, je m'étais convaincu que je ne pourrais être heureux qu'avec elle, et pas parce que je l'aimais plus que tout au monde, mais parce que je pensais qu'elle seule me comprenait, connaissait mes goûts  mes manies, ma façon de voir la vie. Je lui étais reconnaissant de ce qu'elle avait fait pour moi, je pensais qu'elle devait m'être reconnaissante de ce que j'avais fait pour elle. J'étais habitué à regarder le monde avec ses yeux. Te rappelles-tu l'histoire des deux hommes qui sortent de l'incendie, l'un avec le visage couvert de cendres ? »

Elle a retiré sa tête de mon épaule ; j'ai noté qu'elle avait les yeux pleins de larmes. 

« Eh bien le monde, c'était cela pour moi, ai-je poursuivi. Un reflet de la beauté d'Esther. Est-ce l'amour ? Ou est-ce une dépendance ?
- Je ne sais pas. Je pense qu'amour et dépendance vont ensemble. 
- Peut-être. Mais supposons qu'au lieu d'écrire Un temps pour déchirer et un temps pour coudre, qui n'est en réalité qu'une lettre à une femme qui est loin, j'avais choisi un autre scénario, par exemple :
« Le mari et la femme sont ensemble depuis dix ans. Ils faisaient l'amour tous les jours, maintenant il ne font l'amour qu'une fois par semaine, mais finalement ce n'est pas si grave : il y a la complicité, le soutien mutuel, la camaraderie. Lui est triste quand il doit dîner tout seul parce qu'elle a dû rester plus tard au travail. Elle, elle se plaint quand il part en voyage, mais comprend que cela fait partie de son métier. Ils sentent que quelque chose commence à manquer, mais ils sont adultes, ils ont atteint la maturité, ils savent à quel point il est important de maintenir une relation stable, ne serait-ce qu'au nom des enfants. Ils se consacrent de plus en plus à leur travail et à leurs enfants, pensent de moins en moins à leur mariage - apparemment il va très bien, il n'y a pas d'autre homme ou d'autre femme.
« Ils constatent qu'il y a un problème. Ils n'arrivent pas à le cerner. À mesure que le temps passe, ils sont de plus en plus dépendants l'un de l'autre, finalement l'âge arrive, les occasions de changer de vie s'éloignent. Ils cherchent à s'occuper de plus en plus - lecture, broderie, télévision, amis - mais il y a toujours la conversation au dîner, ou la conversations après le dîner. Lui s'irrite facilement, elle devient plus silencieuse que d'habitude. Chacun sait que l'autre est de plus en plus distant et ne comprend pas pourquoi. Ils parviennent à la conclusion que le mariage est ainsi mais se refusent à en parler avec leurs amis, ils donnent l'image d'un couple heureux, de deux personnes qui se soutiennent mutuellement, qui ont les mêmes intérêts  Apparaissent un amant par-ci, une maîtresse par-là, rien de grave, bien sûr. Ce qui est important, nécessaire, définitif, c'est d'agir comme si de rien n'était, il est trop tard pour changer. 
- Je connais cette histoire, bien que je ne l'aie jamais vécue. Et je pense que nous nous entraînons toute notre vie à endurer des situations comme celle-là. »

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J'enlève mon pardessus et je grimpe sur le rebord de la fontaine. Maire demande ce que je vais faire. 
« Marcher jusqu'à la colonne.
- C'est de la folie. C'est déjà printemps, la couche de glace doit être très fine.
- Je dois marcher jusque-là. »
Je mets le pied, toute la couche de glace se déplace, mais ne se brise pas. Pendant que je regardais le lever du soleil, j'ai fait une sorte de pari avec Dieu : j'au parié que si je parvenais à atteindre la colonne sans que la glace se brise, m'indiquait la route à suivre. 
« Tu vas tomber dans l'eau.
- Et alors ? Au pire je risque de prendre un bain glacé, mais l'hôtel n'est pas loin et la souffrance ne durera pas longtemps. »
Je mets l'autre pied : maintenant je suis entièrement dans la fontaine, la glace se décolle sur les bords, un peu d'eau monte à la surface, mais elle ne se brise pas. Je marche dans la direction de la colonne, ce ne sont que quatre mètres si l'on considère l'aller et retour, et le seul danger, c'est que je tombe dans l'eau. Mais pas questions de penser à ce qui peut arriver : j'ai fait le premier pas, je dois aller jusqu'au bout.

Je marche, j'atteins la colonne, je la touche de la main, entends tout craquer, mais je suis encore à la surface. Ma première réaction est de courir, mais quelque chose me dit que si je fais cela, mes pas deviendront plus fermes, plus lourds, et je tomerai à l'eau. Je dois revenir lentement, au même rythme. 

Le soleil se lève devant moi et m'aveugle un peu, je vois seulement la silhouette de Marie et les contours des édifices et des arbres. La couche de glace bouge de plus en plus, l'eau continue de jaillir sur les bords, inondant la surface, mais je sais - j'ai la certitude absolue - que je vais réussir, parce que je suis en communion avec le jour, avec mes choix, je connais les limites de l'eau glacée, je sais comment la prendre, lui demander de m'aider, de ne pas me laisser tomber. Je commence à entrer dans une sorte de transe, d'euphorie ; je redeviens un enfant qui fait des choses interdites et des bêtises, mais y prend un immense plaisir. Quelle joie! Des pactes fous avec Dieu, du genre « si je réussis ceci, il va se passer cela », des signes provoqués non par ce qui vient de extérieur  mais par instinct, par la capacité d'oublier les vieilles règles et de créer des situations nouvelles. 

Je suis reconnaissant d'avoir rencontré Mikhail, l’épileptique qui pense entendre des voix. Je suis allé à sa rencontre en cherchant ma femme, et j'ai fini par découvrir que j'étais devenu un pâle reflet de moi-même. Esther compte-t-elle toujours autant ? Je le pense, c'est son amour qui a changé ma vie un jour et me transforme encore aujourd'hui. Mon histoire était vielle, de plus en plus lourde à porter, trop sérieuse pour que je me permettre des risques comme celui de marcher dans une fontaine, faisant un pari avec Dieu, traquant un signe. J'avais oublié qu'il fallait toujours refaire le chemin de Saint-Jacques, jeter les bagages inutiles, ne garder que le nécessaire pour vivre chaque jour. Laisser l’énergie de l'amour circuler librement, du dehors au dedans, du dedans au dehors. 
Un nouveau craquement, une fissure apparaît - mais je sais que je vais réussir  parce que je suis léger, très léger  je pourrais même marcher sur un nuage et je ne tomberais pas sur la terre. Je ne porte pas le poids de la renommée, des histoires racontées, des scénarios à venir ; je suis transparent, je laisse les rayons de soleil traverser mon corps et illuminer mon âme  Je comprends qu'il y a encore en moi beaucoup de zone d'ombre, mais elles s’éclaireront peu à peu, avec de la persévérance et du courage.

Encore un pas, et le souvenir d'une enveloppe sur ma table. Bientôt je 'ouvrirai, et au lieu de marcher sur la glace, je prendrai la route qui me conduira à Esther. Ce n'est plus parce que je la désire à mes cotes, elle est libre de rester là où elle se trouve. Ce n'est plus parce que je rêve jour et nuit du Zahir ; l'obsession amoureuse, destructrice  semble avoir disparu. Ce n'est plus parce que je me suis habitué à mon passé et désire ardemment y retourner. 

Autre pas, autre craquement, mais le rebord salvateur de la fontaine approche. 
J'ouvrirai l'enveloppe et j'irai à sa rencontre, car, comme le dit Mikhail l'épileptique, le voyant, le gourou du restaurant arménien, cette histoire doit se terminer. Alors, quand tout aura été raconté et re-raconté à maintes reprises, quand les lieux où je suis passé, les moments que j'ai vécus,  les pas que j'ai faits à cause d'elle se transformeront en lointains souvenirs, il restera seulement, simplement, l'amour pur. Je ne sentirai pas que je « dois » quelque chose, je ne penserai pas que j'ai besoin d'elle parce qu'elle seule est capable de me comprendre, parce que je suis habitué à elle, parce qu'elle connait mes défauts, mes qualités, les toasts que j'aimes manger avant de me coucher, les informations internationales à la télévision quand je me réveille,  les promenades obligatoires tous les matins, les livres sur la pratique du tir à l'arc, les heures passées devant l’écran de l'ordinateur, la colère que je ressens quand la bonne appelle plusieurs fois pour dire que le repas est sur la table. 

Tout cela disparaîtra  Il restera l'amour qui déplace le ciel, les étoiles, les hommes, les fleurs, les insectes,  qui nous pousse à marcher dangereusement sur la glace, nous emplit de joie et de crainte mais donne un sens à tout.
Je touche la murette de pierre, une main se tend, je la saisis, Marie m'aide à reprendre mon équilibre et à descendre.
« Je suis fière de toi. Jamais je n'aurais fait cela.
- Je crois qu'il y a quelque temps, moi non plus je ne l'aurais pas fait ; cela semble infantile, irresponsable, sans aucune raison concrète. Mais je suis en train de renaître,  je dois prendre des risques nouveaux. 

- La lumière du matin te fait du bien : tu parles comme un sage.
- Les sages ne font pas ce que je viens de faire. »

Extrait de Paulo Coelho «Zahir»

Tuesday, November 12, 2013

Esther demande pourquoi les gens sont tristes

« Esther demande pourquoi les gens sont tristes.

« ‘’C’est simple, répond le vieillard. Ils sont prisonniers de leur histories personnelle. Tout le monde est convaincu que le but de cette vie est de suivre un plan. Personne ne se demande si ce plan est le sien ou s’il a été inventé par quelqu’un d’autre. Tous accumulent des expériences, des souvenirs, des objets, des idées qui ne sont pas les leurs, et c’est plus qu’ils ne peuvent porter. Et c’est ainsi qu’ils oublient leur rêves. ‘’

« Esther fait observer que beaucoup de gens lui disent : ‘’Vous avez de la chance, vous savez ce que vous voulez dans la vie ; moi, je ne sais pas ce que je désire faire.’’

« Bien sûr qu’ils savent, répond le nomade. Combien en connaissez-vous qui passent leur vie à déclarer : ‘Je n’ai rien fait de ce que je désirais, mais c’est cela la réalité. S’ils disent qu’ils n’ont pas fait ce qu’ils désiraient c’est bien qu’ils savaient ce qu’ils voulaient. Quant à la réalité, c’est seulement l’histoire que les autres nous ont racontée sur le monde et la façon dont nous devions nous y comporter.

-- Et combien disent pire : ‘Je suis content parce que je sacrifie ma vie pour ceux que j’aime.’

-- Croyez-vous que les gens qui nous aiment désirent nous voir souffrir pour eux ? Croyez-vous que l’amour soit source de souffrance ?

-- Pour être sincère, je le crois.

-- Eh bien, il ne devrait pas l’être.

-- Si j’oublie l’histoire que l’on m’a racontée, j’oublierai aussi des choses très importantes que la vie m’a enseignées. Pourquoi ai-je fait des efforts pour apprendre tout cela ?Pourquoi ai-je fait des efforts pour acquérir de l’expérience et savoir m’y prendre avec mon activité professionnelle, mon mari et mes crises ?

-- Les connaissances accumulées sont utiles pour faire la cuisine, ne pas dépenser plus que l’on ne gagner, être à l’abri en hiver, respecter certaines limites, savoir où vont certaines lignes d’autocar et de chemin de fer. Mais croyez-vous que vos amours passées vous ont appris à mieux aimer ?

-- Elles m’ont appris à savoir ce que je désirais.

-- Ce n’était pas ma question. Vous amours passées vous ont-elles aidée à mieux aimer votre mari ?

-- Au contraire. Pour pouvoir me donner complètement à lui, j’ai dû oublier les cicatrices laissées par d’autres hommes. Est-ce de cela que vous parlez ?

-- Pour que la véritable énergie d’amour puisse traverser votre âme, elle doit vous trouver comme si vous veniez de naître. Pourquoi les gens sont-ils malheureux ? Parce qu’ils veulent emprisonner cette énergie, ce qui est impossible. Oublier l’histoire personnelle, c’est garder ce canal pur, laisser chaque jour cette énergie se manifester comme elle le désire, se laisser guider par elle.

-- Très romantique, mais très difficile, parce que cette énergie est toujours prisonnière de beaucoup de choses : les engagements, les enfants, les obligations sociales …

-- … et au bout de quelque temps, le désespoir, la peur, la solitude, la volonté de contrôler l’incontrôlable. Selon la tradition des steppes, appelée Tengri, pour vivre dans la plénitude, il fallait être constamment en mouvement, ainsi chaque jour était différent de l’autre. Quand ils traversaient les villes, les nomades pensaient : ‘Pauvres de ceux qui vivent ici, pour eux tout est pareil !’ Peut-être que les habitants de la ville regardaient les nomades et pensaient : ‘Les pauvres, ils n’ont aucun endroit où vivre !’ Les nomades n’avaient pas de passé, seulement un présent, c’est pourquoi ils étaient toujours heureux – jusqu’au moment où les dirigeants communistes les ont obligés à cesser de voyager, et les ont retenus dans des fermes collectives. Dès lors, ils se sont mis peu à peu à croire l’histoire dont la société disait qu’elle était la vraie. De nos jours, ils ont perdu leur force.

-- Personne, de nos jours, ne peut passer sa vie à voyager.

-- Si l’on ne peut pas voyager physiquement, on peut le faire sur le plan spirituel. Aller de plus en plus loin, prendre ses distances avec son histoire personnelle, avec ce que l’on nous a forcés à être.

-- Que faire pour abandonner cette histoire que l’on nous a racontée ?

-- La répéter à haute voix, dans ses moindres détails. À mesure que nous racontons, nous nous séparons de ce que nous avons été et – vous le verrez, si vous décidez d’essayer – nous faisons de la place pour un monde nouveau et inconnu. Répéter cette histoire ancienne très souvent, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus d’importance pour nous.

-- C’est tout ?

-- Il reste un détail : à mesure que les espaces sont inoccupés, pour éviter que cela ne nous cause un sentiment de vide, il faut les remplir rapidement, même si c’est provisoire.

-- Comment ?

-- Avec des histoires différentes, des expériences que nous n’osons pas faire, ou que nous ne voulons pas faire. C’est ainsi que nous changeons. C’est ainsi que l’amour grandit. Et quand l’amour grandit, nous grandissons avec lui.

-- Cela signifie également que nous pouvons perdre des choses qui sont importantes.


-- Jamais. Les choses importantes demeurent toujours – ce qui disparaît  ce sont celles que nous jugions importantes, mais qui sont inutiles, comme le faux pouvoir de contrôler l’énergie de l’amour. ‘’

Extraits de Paul Coelho « Le Zahir »

Friday, November 08, 2013

j'ai compris que c'était toujours moi que je cherchais dans les femmes que j'aimais

« Marie, supposons que deux pompiers entrent dans une forêt pour éteindre un petit incendie. À la fin, quand ils en sortent, ils vont au bord d'un ruisseau, l'un a le visage tout couvert de cendres, et l'autre est d'une propreté immaculée. Je demande : lequel des deux va se laver le visage?

- C'est une question idiote : il est évident que ce sera celui qui est couvert de cendres. 

- Faux : celui dont le visage est sales va regarder l'autre et penser qu'il est dans le même état. Et vice versa : celui qui a le visage propre va voir que son compagnon a de la suie partout, et il se dira : "Je dois être sale moi aussi, l'ai besoin de me laver."

- Que veux-tu dire?

- Je veux dire que pendant mon séjour à l’hôpital j'ai compris que c'était toujours moi que je cherchais dans les femmes que j'aimais. Je regardais leurs beaux visages propres et je me voyais reflété en elles. De leur côté, elles me regardaient, voyaient les cendres qui recouvraient ma face, et malgré toute leur intelligence et leur assurance, elles finissaient aussi par se voir reflétées en moi et se croire pires qu'elles n'étaient. Il ne faut pas que cela t'arrive, je t'en prie. »

J'aurais aimé ajouter que c'était ce qui s'était passé avec Esther. Et je l'ai compris seulement quand je me suis rappelé les changements dans son regard. J'absorbais toujours sa lumière, cette énergie qui me rendait heureux, sûr de moi, capable d'aller de l'avant. Elle me regardait, se sentait laide, diminuée, parce qu'à mesure que les années passaient, ma carrière - cette carrière qu'elle avait tant aidée à devenir réalité - faisait passer notre relations au second plan. 

Ainsi, pour la revoir, j'avais besoin que mon visage soit propre que le sien. Avant de la rencontrer, je devais me rencontrer. 


Extraits de Paul Coelho « Le Zahir »

Wednesday, October 09, 2013

comme si je suis destiné de voir ces mots aujourd'hui

1.
« La semaine dernière, je suis allée voir un ami qui vit seul à la montagne, près de la frontière française ; quelqu'un qui adore les plaisirs de la vie et a souvent affirmé que la vraie sagesse consistait justement à profiter de chaque instant. 
« Dès le début, mon mari n'a pas aimé l'idée ; il savait qui était cet ami, que son passe-temps favori était de chasser les oiseaux et de séduire les femmes. Mais j'avais besoin de lui parler, je vivais un moment de crise dans lequel lui seul pouvait m'aider. Mon mari a suggéré un psychologue, un voyage, nous avons discuté, nous nous sommes disputés, mais malgré toutes ces pressions à la maison, je suis partie. Mon ami est venu me chercher à l'aéroport, nous avons parlé tout l'après-midi, nous avons dîné, bu, parlé encore un peu, et je suis allée me coucher. Quand je me suis réveillée, le lendemain, nous avons fait une promenade dans la région, et il m'a raccompagnée à l'aéroport. 
« À peine étais-je rentrée à la maison que les questions ont commencé. Était-il seul ? Oui. Aucune maîtresse avec lui? Non. Vous avez bu? Nous avons bu. Pourquoi ne veux-tu pas en parler ? Mais j'en parle ! Vous étiez seuls dans une maison qui donne sur les montagnes, un cadre romantique, non ? En effet. Et pourtant il ne s'est rien passé d'autre qu'une conversation ? Il ne s'est rien passé. Et tu penses que je vais croire ça ? Pourquoi ne le croirais-tu pas? Parce que cela va à l'encontre de la nature humaine - si un homme et une femme sont ensemble, boivent ensemble, partagent leur intimité, il finissent au lit!
« Je suis d'accord avec mon mari. Cela va à l'encontre de ce que l'on nous a enseigné. Il ne croira jamais l'histoire que je lui ai racontée, qui est pourtant la pure vérité. Dès lors, notre vie est devenue un petit enfer. Cela passera, mais c'est une souffrance inutile, une souffrance causée par ce que l'on nous a raconté : un homme et une femme qui ont de l'admiration l'un à l'autre, quand les circonstances le permettent, finissent par coucher ensemble.»
Applaudissements. Cigarettes qui s'allument. Bruites de bouteilles et de verres. 

2.
« Je suis le mari de la femme qui vient de raconter l'histoire, a déclaré un homme qui devait avoir au moins vingt ans de plus que la jeune et jolie blonde. Tout ce qu'elle a dit est exact, mais il y a quelque chose qu'elle ne sait pas et que je n'ai pas eu le courage de lui expliquer. Je vais le faire maintenant. 
« Quand elle est partie pour la montagne, je n'ai pas dormi de la nuit, et je me suis mis à imaginer - dans tous les détails - ce qui était en train de se passer. Elle arrive, le feu est allumé dans le cheminée, elle retire son manteau, elle retire son pull-over, elle ne porte pas de soutien-gorge sous son T-shirt léger. Il peut voir clairement le contour des seins. 
« Elle feint de ne pas deviner son regard. Elle dit qu'elle va jusqu'à la cuisine chercher une autre bouteille de champagne. Elle porte un jean très étroit, elle marche lentement, et même sans se retourner, elle sait qu'il la regarde des pieds à la tête. Elle revient, ils discutent de choses vraiment intimes et cela leur donne une sensation de complicité. 
« Ils épuisent le sujet qui l'a amenée là. Le téléphone mobile sonne - c'est moi, je veux savoir si tout va bien. Elle s'approche de lui, place le téléphone sur son oreille, ils écoutent tous les deux ce que je dis, en faisant attention car je sais qu'il est trop tard pour exercer la moindre pression ; mieux vaut feindre de ne pas m’inquiéter, lui suggérer de profiter de son séjour à la montagne, parce que le lendemain elle doit revenir à Paris, s'occuper des enfants, faire des courses pour la maison. 
« Je raccroche, sachant qu'il a écouté la conversation. Ils étaient tous les deux sur des sofas séparés, maintenant ils sont assis très près l'un de l'autre. 
« À ce moment-là, j'ai cessé de penser à ce qui se passait à la montagne. Je me suis levé, je suis allé jusqu'à la chambre de mes enfants, puis jusqu'à la fenêtre, j'ai regardé Paris, et savez-vous ce que j'ai constaté ? Que cette pensée m'avait excité. Énormément excité. L'idée que ma femme pouvait être, à ce moment-là, en train d'embrasser un homme, de faire l'amour avec lui...
« Je me suis senti terriblement mal. Comment cela pouvait-il m'exciter ? Le lendemain, j'ai parlé avec deux amis. Évidement, je ne me suis pas pris comme exemple, mais je leur ai demandé si, à un moment de leurs vies, ils avaient trouvé érotique de surprendre, dans une fête, le regard d'un autre homme sur le décolleté de leur femme. Ils ont tous les deux éludé la question, parce que c'est un tabou. Mais ils ont dit l'un et l'autre qu'ils trouvaient formidable de savoir que leur femme était désirée par un autre homme : ils ne sont pas allés au-delà. Serait-ce un fantasme secret, caché dans le coeur de tous les hommes? Je ne sais pas. Nous avons passé une semaine d'enfer parce que je ne comprends pas ce que j'ai ressenti. Et comme je ne comprends pas, je la rends coupable de provoquer chez moi quelque chose qui déséquilibre mon univers. »
Cette fois, beaucoup de cigarettes se sont allumées, mais il n'y a pas eu d'applaudissements. Comme si le thème restait tabou, même dans cet endroit. 

3. 
« Je vous demande pardon de ne pas être aussi direct que les deux personnes qui m'ont précédé, mais j'ai quelque chose à dire. Aujourd'hui je suis allé dans une gare et j'ai découvert que la distance qui sépare les rails est de 143,5 centimètres, ou 4 pieds et 8,5 pouces. Pourquoi cette dimension absurde ? J'ai demandé à ma petite amie d'en chercher la raison , et voici le résultat :
« Parce qu'au début, quand on a construit les premiers wagons de chemin de fer, on a utilisé les mêmes outils que ceux dont on se servait pour la construction des voitures.
« Pourquoi cette distance entre les roues des voitures ? Parce que les anciennes routes avaient été faites pour cette dimension, et que les voitures n'auraient pas pu circuler autrement. 
« Qui a décidé que les routes devaient être faites à cette dimension ? Et là nous voilà revenues dans un passé très lointain : les Romains, premiers grands constructeurs de routes, en ont décidé ainsi. Pour quelle raison ? Les chars de guerre étaient conduits par deux cheveux ; et quand on met côte à côte les animaux de la race dont ils se servaient à l'époque, ils occupent 143,5 centimètres.
« Ainsi, la distance entre les rails que j'ai vus aujourd'hui, utilisés par notre très moderne train à grande vitesse, a été déterminée par les Romains. 
« Cela a tout à voir avec la mariage et avec les deux histoires que nous venons d'entendre. À un moment donné, quelqu'un est présenté et a dit : "Quand deux personnes se marient, elles doivent demeurer figées pour le restant de leur vie. Vous marcherez l'un à côté de l'autre comme deux rails, respectent exactement ce modèle. Si parfois l'un a besoin de s'éloigner ou de se rapprocher un peu, cela va à l'encontre des règles. Les règles disent : "Soyez raisonnables, pensez à l'avenir, aux enfants. Vous ne pouvez plus bouger, vous devez être comme les rails : il y a entre eux la même distance dans la gare de départ, au milieu du chemin, ou dans la gare de destination. Ne laissez pas l'amour changer, ni grandir au début, ni s'affaiblir au milieu - ce serait extrêmement risqué.' Par conséquent, passé l'enthousiasme des premières années, conservez la même distance, la même solidité, la même fonctionnalité. Vous servez à ce que le train de la survie de l'espace passe et se dirige vers le futur : vos enfants ne seront heureux que si vous restez, comme vous l'avez toujours été, à 143,5 centimètres de distance l'un à l'autre. Si vous n'êtes pas contents de quelque chose qui ne change jamais, pensez à eux, aux enfants que vous avez mis au monde. 
« "Pensez aux voisins. Montrez que vous êtes heureux, faites un barbecue le dimanche, regardez la télévision, venez en aide à la communauté. Pensez à la société : comportez-vous de manière que tout le monde sache qu'il n'y a pas de conflits entre vous. Ne tournez pas la tête, quelqu'un pourrait nous regarder, et ce serait une tentation, cela pourrait signifier divorce, crises et dépression.
« Souriez sur les photos. Mettez les photos dans la salon, pour que tout le monde les voie. Tondez le gazon, faites du sport - surtout faites du sport, pour pouvoir rester figés dans le temps. Quand le sport ne suffira plus, passez à la chirurgie esthétique. Mais n'oubliez jamais : un jour, ces règles ont été établies et vous devez les respecter. Qui a établi ces règles ? Peu importe, ne posez jamais ce genre de question, car elles resteront valables à tout jamais, même si vous n'êtes pas d'accord. »
Je me suis assis. Quelque applaudissements enthousiastes, un peur d’indifférence, et moi ne sachant pas si j'étais allé trop loin.

Extraits de Paul Coelho « Le Zahir »

Saturday, June 29, 2013

Place Names In Original



Everyday we pronounce place names out of our mouth. But what those place names actually mean? Here are some major Kowloon place names "translated" into English. "Translation" entre guillemets because it is no translating word to word. For a place name to bear a meaning, it is sometimes inevitable to look into the history of the place.... [Okay when we talk about history we fall asleep] So here it is - be it for for amusement, for discovery, for the love of the place we live.

Beta 130630

Monday, January 21, 2013

Tian An Men 天安門


Au grand cirque de pierres, sous le soleil de juin 廣場千尺延 六月日高照
Des hommes, assis par terre, ont bravé le destin 好漢席地坐 頑勇抗厄運
C'était pourtant hier et c'est déjà si loin 昨日事已千日遙
Je m'en souviens 思憶當年
Un printemps comme les autres que celui de Pékin 北京春日一如舊
A qui est-ce la faute si on n'en dit plus rien ? 今眾若寒蟬 彼我是誰過?
C'était pourtant hier, qu'en ferons-nous demain ? 嘆昨日已然,明日卻奈何?
Qu'en ferons-nous demain ? 明日卻奈何?
A force de subir les coups 子彈紛飛血滿路
Y a des cris que l'on n'entend plus 幾許呼號不再聞
Des voix qui n'ont plus d'autres issues 悠悠眾聲無路訴
Que de maudire sans mot dire 恨怨盡付沈默中
A force de haïr les fous 怒髮衝冠胸懷恨
Y a des hommes qui lèvent leurs chaînes 壯士挺起破枷鎖
Mourir peut-être, mais debout 無懼生死置度外
A Tien An Men 勇毅永照天安門
Une génération muselée, mutilée 革命無聲誤眾生
De sa révolution qu'on n'a pas écoutée 蹂躪復又禁議論
C'était pourtant hier, c'est déjà oublié 昨日憾事縱或忘
Mais ce n'est rien 人心世道長記取
Si le corps est vaincu, brûle toujours la flamme 身可殺惟火不滅
Que rien n'éteindra plus à l'écueil de son âme 英魂長存不可摧
C'est encore aujourd'hui et ce sera demain 今日劫未了 明日又將至
Et ce sera demain 明日又將至
A force de subir les coups 子彈紛飛血滿路
Y a des hommes qui brisent leurs chaînes 壯士挺起破枷鎖
Mourir peut-être, mais debout 無懼生死置度外
A Tien An Men 勇毅永照天安門

Monday, January 07, 2013

Parti de rien 重新出發


Parti de rien le destin m’a donné ma chance 重新出發 命運放咗個機會響我前面
A moi de la saisir et de prendre une longueur d’avance 我把握到個機會又再向前行多一步
Dorénavant je taf pour accomplir mon rêve 呢一刻開始 努力為求達到夢想
J’ai cru en mon étoile même si la lueur était brève 幸運星會守護住我 雖然佢宜家唔算好光
Parti de rien le destin m’a donné ma chance 重新出發 命運放咗個機會響我前面
A moi de la saisir et de prendre une longueur d’avance 我把握到個機會又再向前行多一步
Dorénavant je taf pour accomplir mon rêve 呢一刻開始 努力為求達到夢想
J’ai cru en mon étoile même si la lueur était brève 幸運星會守護住我 雖然佢宜家唔算好光
   
Parti de rien j’ai commencé l’rap à 17 pige 重新出發 十七歲我開始唱Rap
J’trouve des jeux d’mots faciles 玩弄文字我覺得容易
A l’époque j’suis un peu dyslexique 以為自己唔太識認字
Certains supportent, d’autre sous-estimes 有人支持我 又有人睇低我
Un peu plus tard ceux qui critiquaient écoutent et se prennent tous des gifles 後尾批評嘅人又覺得好聽真正係自打嘴巴
Que des free styles de rue en p’tite équipe 一班人街頭玩下freestyle
Certains grands du quartier ont réussi et vendent des milliers de disques 有幾個Rap得好又出咗名仲賣到幾千隻碟
J’aime cette musique les choses qu’elle revendique 我鍾意呢種音樂 更鍾意佢有所追求
J’ai pas l’intention devenir une star, pour moi c’est juste un kiff 做明星唔係我想既目標 玩音樂只為尋下開心
   
J’écoute IAM, FF et la Chronique, Venin 聽開 IAM, FF, la Chronique, Venin
Le 3ème Oeil, le Carré Rouge, les Psy 4 de la Rime Le 3ème Oeil, le Carré Rouge, les Psy 4 de la Rime
Quelque têtes m’encourage ça fait plaisir 有人鼓勵 我當然好歡喜
Le rap m’a vu grandir, j’ai eu une opportunité à saisir Rap左幾年有左經驗有個機會響我前面
Quelques concerts dans des salles presque vides 去到台上 一排排空凳響我前面
Chaque micro ouvert j’me dis nike sa race il faut que j’fasse le beat 每次開騷 我唔理係黑人白人 最緊要係打好個beat
J’ai continué à rapper, phaser, taffer, gratter l’papier toute les soirées afin d’laisser mon nom gravé sans m’égarer 我一路rap歌寫歌練歌晚晚寫寫寫寫誓要你地個個記得我個朵
   
Même quand t’as beaucoup de talent pour s’en sortir c’est la galère 你或者識好多揾食技能 我就覺得你真係揾苦黎辛
J’ai fais ça par amour pas pour croquer dans la galette 我唱歌皆因我鍾意唱歌 唔似你地錢要賺得多
Très vite l’école ne m’intéresse plus 讀得兩年書我已經無咩興趣返學
En cours je gamberge à des métaphores qui peuvent enrichir mes mesures 淨係鍾意研究唔同既修辭手法豐富我嘅詞彙
J’ai quand même eu un BEP et un Bac STT 考完會考再過埋高考
J’ai aussi fais des missions d’intérim en BTP 響工程界仲打過幾份散工
A la maison les fins de mois sont difficiles 講到屋企 月尾確係好難過
Ma seule raison c’est un pour la famille, deux pour la rime 屋企始終係最重要 玩音樂只係其次
A chaque ligne j’représente pour les miens quoi qu’il arrive 每句詞都係講我經歷過既事
J’ai beaucoup à apprendre, certaines personnes me sollicitent 我仲有好多野要學 好幾個人指導過我
Quand il se passe rien j’comprends vite que c’est pas facile 無工開既時候 生活即刻變得困難
J’me bouge le cul, j’prends l’train en fraude pour des plans sur Paris 坐霸王車去巴黎 開始我嘅大計
Toujours la dalle, j’hésite pas à me déplacer 食都食唔飽 無辦法下唯有搬走
Avec Abdé, Processus verbal c’est démarqué 識到 Abdé, Processus Verbal 又再唱歌
Les potes apprécient c’est l’essentiel 朋友既欣賞 係最緊要
Parce que ce que je raconte c’est notre quotidien sans mise en scène 皆因我唱嘅就係無加鹽加醋既日常生活
   
Le plaisir c’est transformé en soif de réussir 唱歌既樂趣變成對成功既渴望
Les salles vides commençaient à s’remplir 台下既空凳越來越多人坐低
J’m’investi à fond dans mon écriture, Y’a très peu d’ouverture 我全情投入寫歌詞 無乜機會要我上台
Ma plume a un goût d’amertume c’est hyper dur 寫到歌詞都有陣苦味 真係好難捱
Les années passent, le circuit underground moi je connais qu’ça 一年又過左 地下樂隊我依然玩緊
J’rêve de ballon d’or sur un banc d’CFA 似坐響預備組 發夢攞金球獎
Une vision sale du goût d’lépoque 無謂嘅幻想係當年嘅時尚
Avec un brise-glace près d’la f’nêtre j’vais pas attendre qu’ils m’ouvrent les portes 坐響窗邊我突然醒覺 點可以再等人開門比我
J’ai attendu après personne j’fais mes truc à fond 唔要再靠任何人 做野百分之百投入
J’récolte le fruit de ma passion sans préoccupation 全情投入既收穫我終於得到
L’horizon se rapproche j’y vais avec motivation 憑住我十足幹勁 地平線越來越近
En espérant que chaque prestation donne bonne impression 每次上台表演我都望比到好印象大家
Y’a à peu près un an j’ai décroché une signature 差不多一年之前 終於有人拎我簽名
Une nouvelle page c’est ainsi greffé à mon aventure 旅程終於打開左新嘅一頁
Je ne sais pas de qoi s’ra fait demain 我唔知聽日會發生咩事
Voilà pourquoi j’ai applé mon album « Parti de rien » 所以呢隻碟個名叫做 重新開始